Le marché automobile français traverse une période difficile, marquée par une diminution significative des ventes de véhicules neufs. En mai dernier, les immatriculations ont chuté de plus de 12 % par rapport à l'année précédente, s'établissant à 123 918 unités. Cette tendance négative s'inscrit dans un contexte plus large de réduction des achats de voitures neuves depuis plusieurs décennies. Les experts soulignent que cette baisse est principalement attribuable à l'augmentation vertigineuse des prix, combinée à divers facteurs économiques et réglementaires.
Depuis le début de l'année, les ventes sont en recul de 8 % comparées à 2024. Pour comprendre cette situation, il faut remonter aux années 1990, où près de 7 à 8 % des ménages achetaient une voiture neuve chaque année. Aujourd'hui, ce chiffre a chuté à environ 2 %. Selon les prévisions, seuls 1,6 million de véhicules neufs devraient être vendus cette année contre 2,2 millions en 2019, soit une diminution de 27 % en seulement six ans.
Plusieurs raisons expliquent cette flambée des prix. D'une part, l'électrification des véhicules, qui impose des coûts supplémentaires aux constructeurs. D'autre part, la montée en gamme des modèles proposés, avec une préférence croissante pour les SUV par rapport aux petites voitures, rendues moins rentables par les normes environnementales strictes. L'inflation et certaines stratégies commerciales adoptées par les fabricants complètent ce tableau inquiétant.
Flavien Neuvy, économiste et directeur de l'observatoire Cetelem, met également en avant d'autres facteurs influençant cette baisse. La faible croissance économique en France freine les investissements des entreprises dans les véhicules neufs. De plus, l'incertitude liée à la transition vers les voitures électriques et l'interdiction programmée des moteurs thermiques en 2035 pousse certains consommateurs à différer leurs achats.
Face à cette crise, les constructeurs doivent envisager de proposer des véhicules plus abordables. Une stabilité des politiques publiques serait essentielle pour rassurer les acheteurs potentiels. Malgré tout, c'est actuellement le marché de l'occasion qui semble mieux résister, bien qu'il ait lui aussi été affecté par des hausses des prix dues à une offre limitée.
La situation actuelle du marché automobile français reflète une conjonction complexe de facteurs économiques, réglementaires et comportementaux. Pour inverser cette tendance, il sera nécessaire de repenser les stratégies des constructeurs ainsi que les politiques publiques afin de rendre les véhicules neufs plus accessibles tout en soutenant la transition écologique.