Voitures
Dieselgate : Renault contre-attaque face à des pratiques litigieuses
2025-06-30

Dans une tournure inattendue du scandale du Dieselgate, le constructeur automobile français Renault a décidé de riposter judiciairement. La société a en effet déposé une plainte à Paris fin mai, visant spécifiquement l'avocat Marc Barennes et la firme d'investissement américaine Bench Walk Advisors. Renault allègue des manœuvres commerciales frauduleuses, des faveurs illégitimes, et des agissements s'apparentant à de l'escroquerie, du blanchiment d'argent et du recel. Cette action en justice s'inscrit dans un contexte où Renault est, parmi d'autres fabricants, la cible d'une procédure collective portée par Maître Barennes au nom de 350 entreprises et entités locales, accusées de manipulation des dispositifs antipollution de leurs moteurs.

Le cœur de l'affaire réside dans une convention financière complexe liant les parties plaignantes, l'avocat et le fonds Bench Walk Advisors. Ce dernier finance intégralement la procédure judiciaire. En contrepartie, il réclamerait une part substantielle, à savoir 33 %, des compensations qui pourraient être allouées en cas de jugement défavorable à Renault. Une proportion de cette somme serait ensuite reversée à l'avocat, constituant ses honoraires. Les juristes représentant Renault, Antonin Levy et Joris Monin de Flaugergues, pointent du doigt le démarchage direct des clients par Maître Barennes, qu'ils estiment non conforme aux régulations des marchés publics, et qualifient sa communication de \"trompeuse\".

Les montants en jeu sont considérables. Par exemple, le département de l'Ain pourrait exiger jusqu'à 1,13 million d'euros pour une flotte de 371 véhicules concernés, tandis que la communauté d'agglomération de La Rochelle et le Service Départemental d'Incendie et de Secours (Sdis) de la Mayenne pourraient respectivement obtenir 195 000 et 500 000 euros. Ces chiffres révèlent l'ampleur potentielle des indemnisations par véhicule, estimées entre 2 000 et 3 000 euros, ce qui soulève des interrogations sur la nature de cette procédure.

Selon les avocats de Renault, cette mécanique transformerait une procédure légale en un instrument financier à des fins lucratives pour un fonds spéculatif basé dans un État américain fiscalement avantageux, détournant ainsi les fonds qui devraient légitimement revenir aux victimes. \"Ces accords d'honoraires et de financement rendent les clients captifs\", a souligné Maître Levy. Ils affirment que le fonds n'opère pas dans l'intérêt des consommateurs ou de la protection environnementale, mais uniquement pour son propre bénéfice. De plus, la convention interdirait aux parties civiles de changer de conseiller juridique, de trouver un accord à l'amiable avec Renault, ou d'interrompre la procédure sans s'exposer à de lourdes sanctions financières.

En réponse à ces accusations, Pierre de Combles de Nayves, l'avocat de Maître Barennes, a catégoriquement rejeté ces allégations, les qualifiant de \"tentative d'intimidation\" de la part de Renault et déclarant son intention de déposer à son tour une plainte pour dénonciation calomnieuse. Cette affaire met en lumière les tensions et les enjeux financiers majeurs liés aux scandales environnementaux de grande envergure dans l'industrie automobile, tout en soulevant des questions éthiques sur les pratiques de financement des litiges.

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