Avec l'intégration croissante des technologies connectées dans les automobiles, les propriétaires découvrent une réalité inquiétante. Les constructeurs peuvent à tout moment désactiver certains services essentiels, souvent liés à des abonnements, entraînant une forme d'obsolescence numérique imprévue. Cette situation est illustrée par la décision récente d'Acura aux États-Unis de mettre fin à ses services connectés sur plusieurs modèles. Parallèlement, cette tendance affecte également d'autres marques mondiales telles que BMW, Mercedes et Volkswagen, mettant en lumière des problèmes plus vastes concernant la pérennité et la transparence des services numériques.
Les conséquences de ces coupures vont bien au-delà de simples fonctionnalités de confort. Elles touchent directement des aspects cruciaux tels que la sécurité, avec la perte possible de systèmes comme l'appel d'urgence automatique (eCall), ainsi que des fonctions pratiques comme le verrouillage/déverrouillage à distance ou les diagnostics à distance. Ce phénomène soulève des questions importantes sur les politiques des constructeurs et les choix technologiques qui sous-tendent ces décisions.
En mai 2025, la marque premium Acura a pris une décision controversée en annonçant la suppression définitive de ses services connectés "AcuraLink" sur une large gamme de véhicules produits entre 2014 et 2022. Cette mesure touche non seulement des modèles standard mais aussi des voitures haut de gamme comme la sportive NSX. Sans justification technique claire, cette décision laisse les propriétaires confrontés à la perte de nombreuses fonctionnalités, y compris celles liées à la sécurité et à la gestion à distance du véhicule.
L'affaire Acura illustre un scénario devenu de plus en plus fréquent dans l'industrie automobile. Bien que la marque soit principalement distribuée en Amérique du Nord, son exemple sert de mise en garde pour tous les utilisateurs de voitures connectées, quel que soit leur constructeur. En effet, des marques françaises comme Peugeot et Renault, ainsi que des géants internationaux tels que Mercedes-Benz et BMW, proposent aujourd'hui des services similaires reposant sur des infrastructures numériques fragiles. La dépendance vis-à-vis des réseaux cellulaires (3G, 4G) et des serveurs distants rend ces systèmes vulnérables aux changements technologiques et aux décisions stratégiques des entreprises. De plus, les remboursements proposés par Acura ne compensent pas pleinement la valeur perdue pour les clients, notamment ceux ayant acheté leurs véhicules d'occasion.
Outre les préoccupations soulevées par le cas Acura, ce phénomène n'est pas limité à une seule région ou marque. À travers le monde, des constructeurs tels que BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen ont déjà commencé à désactiver certains services sur leurs anciens modèles. En Europe, la transition vers les réseaux 4G/5G menace également des centaines de milliers de véhicules encore équipés de modems 3G obsolètes. Cette évolution affecte des fonctions essentielles comme l'eCall, désormais obligatoire pour les nouveaux modèles depuis 2018, et dont la désactivation peut avoir des implications légales lors du contrôle technique.
Face à cette situation, les réponses des constructeurs restent disparates. Alors que Tesla et Audi tentent d'allonger la durée de vie de leurs services via des mises à jour logicielles ou matérielles, d'autres marques comme General Motors et Nissan ont simplement abandonné certains systèmes sans offrir de solutions alternatives. Pour les propriétaires, cela signifie non seulement une perte de commodité mais aussi un risque accru en matière de sécurité. Les efforts pour migrer vers des technologies plus récentes, comme le passage du 3G au 4G, sont souvent coûteux et complexes, pesant davantage sur les épaules des clients. Dans ce contexte, il devient crucial pour les consommateurs de comprendre les clauses contractuelles liées aux services connectés et de s'informer sur la durabilité des technologies intégrées dans leurs véhicules avant l'achat.