Longtemps avant l'avènement des autoroutes modernes, une route se distinguait comme l'artère vitale des départs en vacances en France : la célèbre Route Nationale 7. Plus qu'un simple tracé goudronné, elle incarnait un véritable symbole culturel, immortalisé en chanson et chéri par des générations de vacanciers. Ce chemin mythique représente une époque révolue, celle des trente glorieuses, où les Français, fraîchement dotés de congés payés, se lançaient à la découverte des paysages variés et enchanteurs du pays. Au-delà de sa fonction de voie de communication, la Nationale 7 a tissé un réseau d'histoires, de souvenirs et de lieux emblématiques qui ont façonné l'imaginaire collectif.

L'Odyssée de la Nationale 7 : De Paris aux Rivages Méditerranéens

L'itinéraire légendaire de la Nationale 7, souvent surnommée la « Route des Vacances », débutait majestueusement à la Porte d'Italie, à la périphérie de Paris. Ce point de départ, évocateur de l'exotisme transalpin, annonçait le début d'une grande aventure. La route traversait d'abord la vibrante banlieue parisienne avant de s'enfoncer dans les paysages bucoliques de la Bourgogne, ponctuée de villes charmantes comme Auxerre, Avallon, Saulieu, Chalon-sur-Saône et Mâcon. Ce parcours reprenait d'anciens tracés séculaires, autrefois sillonnés par diligences et coches, témoignages d'un passé riche en déplacements.

Le long de cette voie historique, une vie singulière s'était développée. Les relais de poste d'antan cédèrent la place à des stations-service aux allures avant-gardistes, tandis que d'innombrables garages, caractérisés par une architecture typique des années 1950, ponctuaient le chemin. Parallèlement, l'essor du tourisme vit fleurir une multitude d'auberges et d'hostelleries, offrant un refuge aux voyageurs fatigués. Un jalon particulièrement notable fut la naissance des « Relais de Campagne » en 1954, avec des adresses iconiques comme La Pyramide à Vienne, immortalisée par Fernand Point, et qui devint un véritable emblème sur cette « route du bonheur ».

Après avoir franchi Montélimar, la Nationale 7 plongeait dans les senteurs et les couleurs de la Provence. Elle serpentait à travers des villes emblématiques telles qu'Avignon et Aix, se rapprochant de la Méditerranée sans jamais la longer directement. Le voyage se poursuivait en contournant le massif de l'Estérel par les Adrets, avant de s'engager sur la voie royale de la Côte d'Azur, dévoilant les splendeurs de Cannes, Nice, et Villefranche-sur-Mer. Finalement, après avoir parcouru plus de 1 020 kilomètres, l'aventure de la Nationale 7 s'achevait aux portes de l'Italie, à Menton, laissant derrière elle un sillage d'histoires et de souvenirs inoubliables.

Une Route, une Légende : L'Héritage Continu de la Nationale 7

La Nationale 7 n'est pas seulement une ancienne route ; elle est une icône, un fil d'Ariane qui relie le passé au présent de la France. En explorant son histoire, on comprend l'évolution des modes de vie, l'émergence des congés payés et la démocratisation du tourisme. Cette route, chantée par Charles Trenet, nous rappelle l'importance des voyages, pas seulement pour atteindre une destination, mais pour l'expérience du chemin parcouru, les rencontres et les paysages traversés. Elle nous pousse à valoriser le patrimoine routier, les petites villes et villages qui ont vu passer tant de générations, et à apprécier la beauté de la lenteur dans un monde toujours plus pressé. La Nationale 7 demeure une source d'inspiration, invitant chacun à redécouvrir le plaisir simple d'une escapade sur ses traces.