Avec la mise en place de taxes supplémentaires à hauteur de 25 % sur les véhicules étrangers, l’Allemagne se trouve particulièrement vulnérable. En effet, ce pays représente un tiers des exportations automobiles européennes vers les États-Unis. Selon les données officielles, près de 445 000 unités ont été vendues aux Américains en 2024, générant un chiffre d’affaires colossal de 24,8 milliards de dollars. Cette mesure risque donc de compromettre significativement les performances économiques du secteur allemand.
La fédération de l’industrie automobile allemande (VDA) a exprimé son inquiétude face à ces nouvelles règles, qualifiant cette initiative de menace pour le libre-échange mondial. Une telle politique protectionniste pourrait entraîner une baisse drastique des ventes et contraindre les constructeurs locaux à revoir leurs stratégies de production.
L’Union européenne ne reste pas inactive face à cette attaque économique. Déterminée à protéger ses intérêts, elle envisage déjà des mesures de rétorsion. Le ministre français de l’Économie, Eric Lombard, a souligné que la seule riposte viable serait d’introduire des tarifs similaires sur les produits américains. Cette dynamique "action-réaction" risque d’envenimer davantage les relations transatlantiques.
D’un point de vue macroéconomique, cette guerre commerciale pourrait freiner la croissance européenne. Les entreprises européennes, déjà confrontées à une demande atone et à la concurrence asiatique, pourraient subir des pertes importantes si elles ne parviennent pas à diversifier rapidement leurs marchés d’exportation.
Ironiquement, les consommateurs américains pourraient être les premiers touchés par ces politiques protectionnistes. Avec une augmentation probable des prix moyens des voitures allant de 3 000 à 10 000 dollars, le pouvoir d’achat des citoyens risque d’être sérieusement affecté. Même des figures emblématiques comme Elon Musk, PDG de Tesla, ont manifesté leur désapprobation publiquement, mettant en avant l’impact négatif sur les coûts de fabrication.
Par ailleurs, plusieurs constructeurs américains possèdent des usines à l’étranger qui alimentent le marché domestique. Ford, par exemple, importe certains modèles depuis la Turquie. Ces chaînes d’approvisionnement complexes rendent difficile toute tentative de délocalisation massive des productions vers les États-Unis, comme souhaité par Donald Trump.
Les marchés financiers ont immédiatement réagi à cette annonce. Aux États-Unis, les actions de General Motors ont chuté de 3 %, tandis que celles de Stellantis ont perdu près de 4 %. De l’autre côté de l’Atlantique, les places boursières européennes ont également connu des baisses marquées, avec notamment une ouverture en baisse de plus de 1 % à Paris et Francfort.
Ces mouvements témoignent de l’inquiétude des investisseurs quant à l’avenir de l’industrie automobile. Dans un contexte où la stabilité économique est déjà fragile, une telle instabilité risque de décourager les capitaux et de ralentir encore davantage la reprise économique globale.
Le 2 avril marquera une étape cruciale dans cette crise commerciale. Ce jour-là, Donald Trump devrait annoncer l’application de droits de douane « réciproques » sur l’ensemble des produits importés. Cette décision pourrait s’avérer encore plus destructrice, exacerbant les tensions entre les grandes puissances économiques mondiales.
Face à cette situation, les acteurs économiques espèrent toujours qu’une solution négociée puisse être trouvée. Cependant, tant que les positions restent rigides, il semble peu probable que l’escalade s’arrête là. L’avenir de millions d’emplois et de milliards de dollars de transactions repose désormais sur la capacité des dirigeants à trouver un terrain d’entente.