Voitures
Neta, la marque automobile chinoise que Toyota convoitait, se relève de ses cendres
2025-08-06

Le paysage de l'industrie automobile chinoise, marqué par une expansion effrénée, connaît actuellement un tournant décisif. De nombreux acteurs, portés par une croissance vertigineuse, se retrouvent confrontés à des défis sans précédent. La concurrence acharnée, les pressions sur les tarifs et les tensions géopolitiques poussent les fabricants à repenser leurs stratégies. Au milieu de ce tumulte, l'exemple de la marque Neta, autrefois sur le point d'être acquise par Toyota, est particulièrement frappant. Cette entreprise symbolise les écueils d'une expansion trop rapide et les difficultés inhérentes à un marché en perpétuelle mutation.

La dernière décennie a été le théâtre d'une métamorphose spectaculaire du marché automobile chinois, en grande partie sous l'impulsion de l'essor des véhicules électriques. D'innombrables nouveaux constructeurs ont émergé, promettant chacun une révolution dans le domaine de la mobilité propre. En mai 2025, les ventes de véhicules en Chine ont enregistré une hausse notable de 13% par rapport à l'année précédente, atteignant plus de 1,93 million d'unités. Toutefois, derrière cette façade de succès, la guerre des prix s'est intensifiée, avec des baisses pouvant atteindre 34% sur certains modèles. Cette course aux volumes a érodé les marges et parfois compromis la qualité. L'Association chinoise des constructeurs (CAAM) a exprimé ses inquiétudes, qualifiant cette situation de 'jeu dangereux' menaçant la viabilité à long terme du secteur. Par ailleurs, l'imposition de nouveaux droits de douane par les États-Unis et l'Europe, ainsi que le monopole chinois sur les terres rares, ont ajouté des complexités au désir d'expansion mondiale.

Dans ce contexte compétitif, Neta, fondée en 2018 par le groupe Hozon, a d'abord su se distinguer par son agilité et sa capacité à lancer rapidement de nouveaux modèles, comme la Neta S. Cependant, la réalité du marché s'est rapidement montrée impitoyable. Les ventes de Neta ont chuté drastiquement, avec seulement 53 853 unités vendues entre janvier et septembre 2024, soit 30% de moins que les prévisions. Les aspirations internationales de la marque ont été entravées par des barrières douanières, et les perspectives de croissance en Europe se sont estompées. Pire encore, l'entreprise a accumulé près de 2,3 milliards d'euros de pertes entre 2021 et 2023, avec une dette dépassant le milliard d'euros.

L'ambiance au sein de Neta s'est dégradée, marquée par des bureaux désertés et un moral en berne parmi les employés restants. La production a presque cessé. Un espoir a cependant émergé : la maison mère a obtenu une ligne de crédit de 200 millions d'euros et a lancé un appel aux investisseurs via Alibaba, attirant 47 entités. Un plan de restructuration a été négocié avec 134 fournisseurs clés, dont CATL pour les batteries, permettant la conversion de près de 300 millions d'euros de dettes en actions. Malgré ces efforts, la production n'a repris que timidement, et la majorité des employés licenciés n'ont pas été réintégrés. La situation de Neta, loin d'être un cas isolé, souligne les limites d'un modèle économique fondé sur une croissance agressive et une confiance aveugle dans la suprématie technologique.

Le parcours de Neta illustre parfaitement les défis auxquels sont confrontés les constructeurs automobiles chinois. Bien que la marque ait traversé une période de turbulences, elle a démontré une capacité de résilience en mobilisant des ressources et en restructurant ses opérations. Ce retour, bien que modeste, témoigne de la volonté de Neta de persévérer sur un marché en pleine mutation, et met en lumière la nécessité pour les entreprises de s'adapter constamment aux nouvelles réalités économiques et géopolitiques pour assurer leur pérennité.

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