Malgré leur faible coût d'utilisation, les voitures électriques rencontrent encore des difficultés pour séduire les particuliers. Alors que le marché de l'occasion offre une opportunité intéressante avec une baisse significative des prix, celui du neuf montre un recul marqué, notamment dans le segment électrique. Les entreprises et collectivités restent les principaux acheteurs, tandis que les freins culturels et pratiques continuent de limiter l'adoption par les particuliers. De plus, l'état réel des batteries, mesuré par le SOH (State of Health), joue un rôle crucial dans la décision d'achat. Enfin, les hybrides émergent comme alternative transitoire.
L'évolution du marché automobile français reflète actuellement une dynamique contrastée entre les ventes de véhicules neufs et d'occasion. Depuis le début de l'année, les transactions de voitures d'occasion ont augmenté significativement, bien que les prix aient chuté en moyenne de 10 %. Selon Yvan Agarico, concessionnaire multimarque à Chécy, cette tendance est bénéfique pour les acheteurs potentiels. Cependant, le marché du neuf stagne, surtout concernant les modèles électriques. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène : des préjugés culturels persistants, une infrastructure de recharge encore perfectible, ainsi qu'un usage limité aux trajets courts. Les deux tiers des acheteurs de voitures électriques n'en rachètent pas une deuxième fois, indiquant un besoin de convaincre davantage les consommateurs.
La technologie des voitures électriques n'est pas nouvelle, puisqu'elle remonte au milieu du XIXe siècle. À titre d'exemple, près de 38 % des véhicules aux États-Unis étaient électriques au début du XXe siècle. Toutefois, l'avènement de la Model T de Ford en 1908 a stoppé cet essor, en partie en raison de l'absence de solutions de recharge efficaces à l'époque. Aujourd'hui, la maturité technologique est incontestable, mais certains freins subsistent. Parmi eux figurent des problèmes liés à la santé réelle des batteries, mesurée par leur capacité résiduelle ou SOH (State of Health). Cette dernière diminue progressivement, passant d'une perte de 4 % la première année à environ 2 % par an ensuite. Après 10 à 15 ans, certaines constructeurs proposent un remplacement lorsque la capacité descend sous 70 %.
Les voitures électriques s'avèrent économiquement avantageuses sur de courtes distances, où elles peuvent être rechargées facilement à domicile. Un trajet de 100 km coûte approximativement 2,12 €, contre plus de 9 € pour un véhicule thermique fonctionnant avec un carburant autour de 1,70 €/litre. Toutefois, lors de déplacements longs, ces avantages se dissipent rapidement. En effet, les temps d'attente prolongés aux bornes de recharge et leur fiabilité variable rendent ces voyages moins pratiques. Certains modèles permettent même de tracter une caravane, mais cette possibilité reste limitée.
Enfin, le recyclage des batteries constitue un défi majeur pour l'avenir de la mobilité électrique. Bien que des initiatives existent, telles que celles de Tesla avec ses Powerwalls ou encore des projets menés par SNAM et Veolia en France, le coût énergétique de ce processus demeure incertain. Dans ce contexte, les véhicules hybrides offrent une solution intermédiaire qui combine les avantages des moteurs thermiques et électriques. Moins dépendants des infrastructures de recharge, ils semblent répondre aux besoins actuels des consommateurs tout en attendant une stabilisation du modèle économique et logistique des voitures électriques.
Le paysage automobile actuel témoigne d'une transformation progressive, mais complexe. Si les voitures électriques présentent des atouts indéniables, leur adoption massive par les particuliers nécessite encore des ajustements techniques, culturels et économiques. Parallèlement, les hybrides apparaissent comme une étape clé vers une mobilité durable, en attendant que toutes les pièces du puzzle soient assemblées.