Jaguar, une marque synonyme de prestige automobile, se trouve à l'aube d'une transformation ambitieuse, s'orientant résolument vers une gamme entièrement électrique et le segment du luxe. Cette initiative intervient après des tentatives précédentes jugées peu concluantes, notamment un \"rebranding\" et une communication \"Copy Nothing\" qui n'ont pas rencontré le succès escompté. Le nouveau directeur général, PB Balaji, qui prendra les rênes en novembre, est chargé de concrétiser cette vision audacieuse. La stratégie, déjà bien définie, parie sur le potentiel des véhicules électriques pour redéfinir le positionnement haut de gamme de Jaguar, malgré les incertitudes du marché actuel.
Le plan de renouveau de Jaguar est centré sur le virage vers l'électrique, une démarche qui, selon les dirigeants de la marque, est intrinsèquement liée à l'expérience de conduite luxueuse qu'ils souhaitent offrir. L'objectif est de rivaliser directement avec des constructeurs de prestige comme Bentley et Rolls-Royce en proposant des limousines et des GT ultra-luxueuses. Le couple instantané et le silence de fonctionnement des moteurs électriques sont mis en avant comme des atouts majeurs pour cette ambition. Cependant, le marché des véhicules électriques de luxe n'a pas connu la croissance fulgurante anticipée, incitant de nombreux concurrents à maintenir des offres de motorisations thermiques ou hybrides. Jaguar s'aventure donc sur un terrain où le risque est élevé : la réussite pourrait la consacrer en pionnière, tandis qu'un échec la verrait comme une marque déconnectée des réalités du marché. La mystérieuse \"Type 00\", un concept coupé deux portes inspiré de la Type E, est présentée comme une déclaration d'intention audacieuse, bien qu'il ne s'agisse pas d'un modèle destiné à la production en série.
La direction de ce projet a connu une succession de leaders. Initialement lancée en 2021 par Thierry Bolloré, la vision a été reprise en 2023 par Adrian Mardell, qui a également veillé à la rentabilité du groupe JLR. C'est désormais à PB Balaji, ancien directeur financier de Tata Motors, qu'incombe la tâche de mettre en œuvre cette stratégie cruciale. Sous la houlette d'Adrian Mardell, Jaguar a délibérément réduit sa production pour préparer cette transition, tandis que Land Rover assurait la majeure partie des bénéfices du groupe grâce à des modèles comme le Defender et le Range Rover, permettant à JLR d'enregistrer dix trimestres consécutifs de bénéfices. Paradoxalement, la contribution de Jaguar aux ventes du groupe est devenue presque insignifiante durant cette période. PB Balaji arrive dans un environnement où l'optimisme initial autour du véhicule électrique s'est quelque peu estompé, le marché ayant ralenti et la concurrence s'étant réorganisée. Malgré cela, le nouveau PDG affiche une confiance inébranlable, affirmant son intention de propulser Jaguar vers de nouveaux sommets en capitalisant sur son héritage et son savoir-faire.
En définitive, Jaguar se distingue par une stratégie qui va à contresens des tendances actuelles du marché, en misant pleinement sur le luxe entièrement électrique. Cette démarche, à la fois audacieuse et risquée, déterminera la place de la marque au félin dans l'industrie automobile de la prochaine décennie. L'ère Balaji sera cruciale pour observer si cette vision se transformera en un succès retentissant ou en une leçon coûteuse.