Voitures
L'Ascension Fulgurante des Constructeurs Automobiles Chinois en Europe : Au-delà de l'Électrique
2025-06-25

L'industrie automobile chinoise connaît une expansion spectaculaire sur le continent européen, loin de se limiter aux seules propulsions électriques. Les chiffres du début de l'année 2025 révèlent une croissance significative des exportations, défiant les mesures protectionnistes. Cette dynamique est majoritairement portée par les véhicules à motorisation traditionnelle et hybride, soulignant une stratégie d'adaptation face aux défis réglementaires et douaniers. Tandis que certains marchés européens accueillent favorablement cette offensive, la France maintient une position plus réservée, influencée par ses propres politiques environnementales et fiscales.

Les Constructeurs Chinois Conquièrent le Marché Européen avec une Stratégie Élargie

Le début de l'année 2025 a été marqué par une avancée notable des constructeurs automobiles chinois sur le marché européen. Selon les récentes données communiquées par l'European Car Group (ECG), les exportations de véhicules depuis la Chine vers l'Europe ont atteint un volume impressionnant de 1,42 million d'unités au cours des trois premiers mois, enregistrant une hausse robuste de 7,3 % par rapport à l'année précédente. Si cette tendance se maintient, les exportations chinoises pourraient franchir la barre des 5,7 à 6 millions de véhicules d'ici la fin de l'année, surpassant ainsi le record de 5 millions établi en 2024.

Contrairement à une idée répandue, cette expansion n'est pas uniquement le fait des véhicules électriques. En effet, ce sont les motorisations thermiques et hybrides qui constituent le fer de lance de cette progression. Au premier trimestre 2025, ces catégories de véhicules représentaient 69 % des exportations, soit près de 978 000 unités. Bien que les voitures électriques affichent une croissance notable de 16,7 % avec 290 000 unités exportées, et que les hybrides connaissent une flambée de 60 % avec 152 000 véhicules, l'équilibre penche encore fortement vers les modèles plus conventionnels. Cette orientation est une réponse stratégique aux augmentations des droits de douane imposées sur les véhicules électriques produits en Chine, incitant les marques à diversifier leur offre avec des modèles hybrides et thermiques, comme en témoignent les lancements récents de MG avec la MG3 Hybrid+ et le ZS hybride, ou la stratégie de BYD avec sa nouvelle Dolphin Surf abordable.

Les principaux acteurs de cette incursion sont Chery, BYD et SAIC (maison mère de MG), qui, ensemble, ont exporté plus de 660 000 véhicules, soit près de la moitié du total des exportations chinoises vers l'Europe. Il est important de noter qu'un rapport de l'Association chinoise des Concessionnaires Automobiles (Cada) a soulevé la question de la nature de certains de ces véhicules exportés, indiquant qu'environ 6 % pourraient être des véhicules d'occasion présentés comme neufs. La majeure partie des exportations (82,9 %, soit 1,1 million d'unités) concerne les voitures particulières, le reste étant des véhicules utilitaires. La Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, la Pologne et l'Allemagne sont les principales portes d'entrée de ces véhicules en Europe, absorbant 82 % des importations. En revanche, la France se montre moins réceptive, notamment en raison de ses strictes réglementations environnementales, incluant le système de malus, qui pénalise fortement les véhicules thermiques à fortes émissions de CO2, rendant leur importation moins attractive pour les constructeurs chinois.

Cette dynamique du marché automobile européen, marquée par l'ascension des constructeurs chinois, invite à une réflexion approfondie. En tant qu'observateur, il est fascinant de constater la capacité d'adaptation et la réactivité des entreprises chinoises face aux obstacles, transformant les défis réglementaires en opportunités de diversification. L'accent mis sur les motorisations hybrides et thermiques, plutôt que sur l'électrique pure, démontre une intelligence stratégique pour pénétrer des marchés complexes et réglementés. Cette situation nous pousse à interroger la pertinence des politiques protectionnistes européennes : sont-elles réellement efficaces pour freiner cette invasion, ou poussent-elles simplement les acteurs à innover et à contourner les barrières de manière inattendue? Il est clair que la concurrence mondiale ne se limite plus à la seule technologie, mais englobe également la flexibilité, la tarification et la capacité à répondre aux exigences variées des consommateurs et des législations nationales. Les constructeurs européens devront redoubler d'efforts pour rester compétitifs, non seulement sur le terrain de l'innovation technologique, mais aussi sur celui de la stratégie commerciale, face à des rivaux chinois agiles et déterminés.

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