Au cœur d'une transformation industrielle majeure, l'Europe fait face à une montée en puissance significative des constructeurs automobiles chinois. Spécialisés dans les véhicules électriques, ces entreprises inondent le marché mondial avec des modèles innovants et abordables. En réponse à cette concurrence jugée déloyale, Bruxelles a décidé de renforcer ses protections commerciales, notamment via des droits de douane plus élevés et des exigences strictes en matière de sécurité. Bien que certaines marques chinoises réussissent encore à percer sur le continent européen, leur succès reste freiné par ces nouvelles mesures.

En 2023, la Chine est devenue le premier exportateur automobile mondial, surpassant même le Japon grâce à une demande croissante pour ses voitures électriques. Le Salon de l'auto de Shanghai a révélé une domination technologique évidente, où des dizaines de marques chinoises ont présenté des innovations remarquables à des prix compétitifs. Cette conquête n'est pas limitée à l'Europe ; elle touche principalement les marchés émergents comme la Russie, le Mexique et les Émirats arabes unis.

En Asie du Sud-Est, la percée chinoise est particulièrement spectaculaire. Par exemple, en Thaïlande, les ventes de véhicules électriques ont augmenté de manière exponentielle en un an, grâce à des incitations financières étatiques. Aujourd'hui, les marques chinoises représentent près de 71 % du marché des voitures électriques dans ce pays, contre seulement 22 % deux ans auparavant.

L'Europe, consciente de cette menace économique, a adopté une position plus défensive. À la fin de l'année 2024, l'Union européenne a introduit des droits de douane substantiels sur les véhicules fabriqués en Chine, atteignant jusqu'à 45,3 % pour certains fabricants comme SAIC. Ces barrières tarifaires visent à protéger les constructeurs européens, qui peinent à rivaliser sur le plan des prix. Malgré cela, MG, une marque chinoise bien établie, continue de progresser sur le marché européen, avec plus de 240 000 unités livrées en 2024. Toutefois, sa progression reste modérée en France, où le modèle MG ZS a obtenu seulement 3 651 immatriculations au cours des quatre premiers mois de 2025.

Dans un contexte marqué par des tensions diplomatiques et économiques croissantes, le secteur automobile entre dans une nouvelle ère dominée par la course aux technologies vertes. La Chine, déjà leader mondial dans ce domaine, semble prête à consolider davantage sa position. Face à cette dynamique, l'Europe devra continuer à adapter ses politiques pour préserver sa compétitivité tout en encourageant l'innovation locale.