Dans une interview conjointe au Figaro, John Elkann, directeur de Stellantis, et Luca de Meo, à la tête de Renault, mettent en lumière une crise dans le marché automobile européen. Ce marché est en déclin continu depuis cinq ans, avec des ventes qui n'ont pas encore atteint les niveaux d'avant la pandémie. Les deux dirigeants soulignent que ce problème est particulier à l'Europe et suggèrent que des politiques réglementaires plus flexibles pourraient redonner vie à l'industrie automobile.
En un élan collaboratif, ces figures marquantes du secteur automobile ont attiré l'attention sur un phénomène alarmant. En 2022, seuls 15 millions de véhicules ont été vendus en Europe (incluant les 27 États membres, le Royaume-Uni et la Suisse), contre 18 millions en 2019. À ce rythme, selon M. de Meo, le marché pourrait être réduit de moitié d'ici une décennie. Cette baisse serait principalement due aux règles européennes rendant les voitures plus complexes, plus lourdes et plus coûteuses. Ces normes pèsent surtout sur les petites voitures populaires, comme les citadines sous 4 mètres, dont la part a chuté de 50 % à seulement 5 %.
Les deux chefs d’entreprises proposent une réglementation différenciée adaptée spécifiquement aux petites voitures. Ils plaident également pour une simplification des processus administratifs et techniques afin de rendre les véhicules abordables pour un plus grand nombre de consommateurs. Parmi leurs suggestions figurent la limitation des nouvelles règles aux modèles futurs, la regroupement des directives en "paquets", et la création d'un guichet unique à la Commission européenne.
Au-delà de l'électrification généralisée, ils encouragent une approche technologique diversifiée qui inclurait des moteurs thermiques modernisés ainsi que des solutions électriques accessibles.
Enfin, ils alertent sur la nécessité d'une politique industrielle forte en Europe, comparable à celle mise en place par d'autres régions mondiales telles que la Chine et les États-Unis.
De manière générale, ils insistent sur l'idée qu'il ne faut pas négliger les 250 millions de véhicules polluants déjà en circulation, en moyenne âgés de 12 ans.
Dans cette perspective, John Elkann et Luca de Meo critiquent la vision exclusive de l'électricité comme solution miracle pour l'environnement.
Cette situation complexe montre comment les régulations actuelles freinent potentiellement l'innovation et la compétitivité du secteur européen.
Le marché automobile européen semble donc à la croisée des chemins, entre ses ambitions environnementales et économiques.
Une régulation mieux adaptée pourrait non seulement relancer les ventes mais aussi favoriser des choix écologiques durables.
En conclusion, il ressort clairement que l'avenir de l'industrie automobile européenne repose sur une meilleure harmonisation des normes avec les besoins réels des consommateurs.
À travers cet entretien, on perçoit combien l'équilibre entre innovation technologique, coût des produits finis, et protection de l'environnement est crucial. Si l'on veut éviter que le marché européen continue à stagner, il devient impératif de revoir certaines stratégies réglementaires actuelles pour permettre aux constructeurs automobiles de proposer des véhicules plus accessibles tout en respectant les objectifs environnementaux fixés.