Au cœur des débats, une question persistante : pourquoi un homme ayant subi une vie sous tutelle s’est-il retrouvé à briser les vitres des voitures ? Ce mystère trouve son origine dans une tragédie personnelle. Depuis le décès de sa mère, Steeve a connu une descente vertigineuse dans un monde sans filet de sécurité. Cette perte brutale l’a propulsé dans une errance marquée par l’absence totale de repères.
Sous-tutelle jusqu’en 2022, Steeve avait bénéficié d’un cadre protecteur qui s’est effondré après le décès de sa mère en décembre 2024. Expulsé de son domicile familial, il a vu ses revenus disparaître avec la suspension de son Allocation aux adultes handicapés, auparavant versée sur le compte bancaire maternel. Sans ressources ni identité officielle, il s’est retrouvé contraint de survivre au jour le jour, naviguant clandestinement entre les trains sans destination précise.
Le parking souterrain de la gare de Tours devient alors le théâtre de ses actes désespérés. Entre fin janvier et début février 2025, sept véhicules sont ciblés. Armé d’un extincteur, Steeve attaque les vitres des voitures pour accéder à leur contenu. Son butin comprend des objets aussi divers que des cartes grises, des chargeurs de téléphone ou encore des sacoches. L’utilisation frauduleuse d’une carte bancaire combinée aux images de vidéosurveillance permettra rapidement son identification.
Capturé en février, Steeve assume pleinement ses actions mais peine à les justifier. « Je ne sais pas », murmure-t-il face aux interrogations répétées de la présidente Zawadzki. Pourtant, cette réponse simple cache une réalité bien plus complexe. En manque de traitement médical, Steeve révèle une dimension psychologique cruciale à sa situation. Sa fragilité mentale n’est pas un prétexte mais une vérité ignorée par un système judiciaire trop souvent aveugle aux vulnérabilités humaines.
L’avocate de Steeve, Me Émilie Vinqueur, insiste sur la nécessité de restaurer son statut de majeur protégé. Habituée à défendre des clients similaires, elle souligne une circonstance particulière : le refus de Steeve de comparaître devant la cour en raison d’un stress intense. Elle regrette l’impossibilité d’obtenir une expertise psychiatrique qui aurait pu éclairer davantage la cour sur son état mental.
Pour Damien Landelle, représentant du parquet, si la vulnérabilité de Steeve est reconnue, cela ne dispense pas de sanctionner ses actes criminels. Avec vingt-quatre mentions à son casier judiciaire, Steeve apparaît comme un habitué du système judiciaire. Le procureur requiert dix-huit mois de prison, dont six avec sursis probatoire renforcé, arguant que la responsabilité reste incontournable malgré les circonstances atténuantes.
La sentence tombe : un an de prison ferme avec maintien en détention. Mais au-delà de la condamnation, la présidente Zawadzki lance un appel direct à Steeve. Elle lui rappelle l’importance de transformer ce temps derrière les barreaux en une opportunité de réinsertion sociale. Cesser son parcours délinquant devient ainsi une condition essentielle pour retrouver une place dans la société.
Steeve représente aujourd’hui bien plus qu’un individu isolé. Il symbolise les failles d’un système incapable de répondre aux besoins des personnes vulnérables. Son histoire nous invite à réfléchir sur les moyens d’intégrer ces marginaux invisibles, tout en respectant les exigences de la justice.