Dans un contexte marqué par une flambée des prix des voitures neuves, les dirigeants de grandes entreprises automobiles comme Renault et Stellantis ont attribué cette hausse aux réglementations européennes. Cependant, une récente étude menée par l’Institut mobilités en transition, en collaboration avec le cabinet C-Ways, propose une vision différente. Les résultats indiquent que sur une augmentation de 6 800 euros entre 2020 et 2024, soit une hausse de 24 %, seuls 6 % sont imputables aux normes environnementales. L’étude identifie également d’autres facteurs tels que l’inflation des matières premières, les décisions commerciales stratégiques des constructeurs, et une montée en gamme qui impacte directement les ménages modestes.
Au cœur de cette analyse, on découvre que les coûts liés à l’inflation des matières premières, aux salaires et au coût de l’énergie pour la production ne représentent que 6 % de l’augmentation globale. Ce chiffre est égal à celui attribué aux réglementations environnementales. Cependant, ce sont les décisions commerciales prises par les constructeurs qui jouent un rôle prépondérant dans cette tendance. En effet, ces derniers ont choisi de privilégier les véhicules plus rentables, comme les SUV, souvent plus lourds et donc plus chers. Par exemple, des marques telles que Renault, Kia, Hyundai ou Ford ont fortement misé sur ce segment. D’autre part, Mercedes a abandonné les modèles intermédiaires pour se concentrer sur des gammes haut de gamme, tandis que les petites voitures, moins lucratives, ont vu leur offre diminuer significativement.
Cette stratégie a eu un impact notable sur les prix. Entre 2020 et 2024, les prix des véhicules Mercedes et Dacia ont augmenté de manière spectaculaire (+44 %). Cette évolution pénalise principalement les ménages les plus modestes, qui représentent désormais seulement 31 % des clients européens en 2024 contre 43 % en 2019. De plus, l’accès aux voitures électriques devient de plus en plus difficile, notamment en raison de l’offre limitée en petites voitures électriques, qui restent moins profitables pour les fabricants.
L’étude met également en lumière l’amélioration des résultats financiers des constructeurs, qui ont atteint 145 milliards d’euros sur la période 2020-2024, comparé à 80 milliards d’euros avant la crise du Covid (2015-2019).
En tant que lecteur ou observateur impartial, cette étude soulève des questions importantes concernant les priorités des constructeurs automobiles. Alors que les réglementations environnementales sont souvent pointées du doigt, il apparaît clairement que les choix commerciaux des entreprises jouent un rôle crucial dans l’augmentation des prix des véhicules. Cette tendance risque de creuser davantage les inégalités sociales, en excluant les ménages modestes de l’accès à la propriété automobile. Il est essentiel que les décideurs prennent conscience de ces dynamiques et encouragent des pratiques plus inclusives, tout en respectant les objectifs écologiques. Peut-être faut-il repenser le modèle économique dominant pour garantir un accès équitable à la mobilité pour tous.