Le marché automobile accueille une nouvelle venue intrigante, la DS N° 8 (FWD Long Range), un véhicule qui tente de redéfinir la stratégie de la marque DS Automobiles. Dans un contexte de ventes en baisse, ce modèle représente une tentative audacieuse de reconquérir les parts de marché et de réaffirmer le positionnement de DS dans l'univers du luxe à la française. Proposant une approche esthétique singulière et des innovations technologiques notables, cette \"cross-berline\" se distingue par son autonomie impressionnante et un niveau de confort élevé. Cependant, l'équilibre entre design audacieux, performances et praticité intérieure révèle des compromis qu'il convient d'examiner attentivement.
Le constructeur français DS Automobiles fait face à des défis importants sur le marché, avec une diminution des ventes de 27,4 % au cours des cinq premiers mois de 2025, succédant à une baisse de 22,9 % en 2024. Malgré ce recul, la marque maintient son ambition de se positionner sur le segment haut de gamme et annonce une série de nouveautés. Parmi elles, la N° 8 est un modèle central. D'autres véhicules, comme la DS 4 restylée (désormais appelée \"N° 4\") et le futur SUV N° 7 (prévu pour 2026), ainsi que la citadine N° 3 (horizon 2028), sont également en préparation. Cette offensive produit vise à relancer la dynamique de la marque, qui semble jouer une carte majeure avec la N° 8.
La DS N° 8 se caractérise par un positionnement inattendu. Elle se présente comme un \"SUV coupé\" mais, avec ses 1,58 m de hauteur, elle est plus compacte que des concurrents directs comme l'Audi Q6 Sportback e-tron et à peine plus haute qu'une Mercedes EQE, la rapprochant davantage d'une \"cross-berline\". Son design est particulièrement audacieux, marqué par une signature lumineuse distinctive où la calandre et le logo sont éclairés (sauf sur la finition d'entrée de gamme Pallas). Des lames lumineuses forment un V à l'avant, et les optiques intègrent huit points lumineux. L'arrière du véhicule est plus épuré, avec des feux à motif \"écaille\" qui se prolongent verticalement. Ce travail esthétique s'accompagne d'un effort aérodynamique significatif, avec un coefficient de traînée (Cx) de 0,24 et un SCx de 0,63. Des éléments comme les volets d'aération mobiles, le becquet arrière, les soubassements carénés et les formes des optiques contribuent à cette performance, visant à optimiser l'autonomie du véhicule.
La version FWD Long Range de la DS N° 8, équipée d'une batterie de près de 100 kWh, promet une autonomie WLTP allant jusqu'à 750 km. En conditions réelles, lors de nos essais, la consommation s'est établie à 20 kWh/100 km, offrant une autonomie d'environ 500 km. Bien que cette autonomie soit généreuse, le temps de recharge rapide (27 minutes pour passer de 20 à 80 %, avec une puissance maximale de 160 kW) n'est pas le plus performant de sa catégorie, l'absence d'une architecture de batterie de 800 V étant un facteur limitant. Le véhicule intègre des palettes au volant pour ajuster la récupération d'énergie sur trois niveaux et un mode One Pedal. Ce dernier est plus efficace en milieu urbain pour une conduite souple, mais peut rendre la pédale de frein excessivement dure sur route. Avec une puissance de 245 ch (pouvant atteindre 280 ch temporairement) et un poids de 2105 kg, la N° 8 offre des performances correctes (0 à 100 km/h en 7,8 s), mais les accélérations sont délibérément progressives pour garantir le confort des passagers et éviter les pertes de motricité. L'insonorisation est excellente, grâce notamment au pare-brise et aux vitres latérales feuilletés, et la suspension pilotée, qui analyse la route via une caméra, assure un confort de roulement remarquable en absorbant les irrégularités.
Sur le plan du comportement routier, la DS N° 8 se montre efficace, malgré un poids notable. Les pneus Michelin e·Primacy, axés sur l'efficacité énergétique, n'entravent pas une tenue de route plaisante sur les parcours sinueux, avec un amortissement et un freinage performants. Seule la direction, manquant de sensations et de réactivité, pourrait être améliorée. L'habitacle, bien que richement équipé (notamment sur la finition Étoile avec affichage tête haute, sellerie Alcantara, caméra 360° et conduite semi-autonome), présente quelques incohérences en termes de finition, alternant matériaux nobles et plastiques de qualité moyenne. L'espace aux places arrière est également un point faible, avec une garde au toit limitée, en particulier avec le toit vitré panoramique optionnel, et une assise de banquette courte, rendant les longs trajets inconfortables pour les passagers de grande taille en raison d'un plancher surélevé dû à la batterie. En résumé, la DS N° 8 offre une proposition audacieuse et confortable pour les longs trajets, mais sa conception intérieure et certains choix de finition pourraient freiner son attractivité auprès d'une clientèle exigeante.