L'industrie automobile mondiale est en pleine mutation, confrontée à l'émergence rapide de nouveaux acteurs. Parmi eux, les constructeurs chinois se distinguent par leur dynamisme et leur capacité à innover, défiant ainsi les géants établis. Cette transformation majeure est particulièrement palpable dans le secteur des véhicules électriques, où des marques comme BYD et Geely redéfinissent les standards de production et de compétitivité. Face à cette nouvelle donne, les constructeurs historiques, à l'instar de Ford, sont contraints de réévaluer leurs stratégies pour s'adapter à un marché en constante évolution. L'enjeu est de taille : maintenir leur leadership tout en répondant aux attentes croissantes des consommateurs en matière d'accessibilité et de technologie. Cette période de transition marque un tournant décisif, où l'agilité et la capacité d'adaptation deviennent des atouts indispensables pour prospérer dans le paysage automobile de demain.
Le PDG de Ford, Jim Farley, a ouvertement exprimé ses craintes quant à l'ascension rapide des constructeurs automobiles chinois, les identifiant comme une menace majeure pour l'industrie traditionnelle. Lors du Festival des Idées d'Aspen 2025, il a spécifiquement cité BYD et Geely, soulignant leur vitesse d'innovation et leur capacité à produire des véhicules électriques à des coûts défiant toute concurrence. Selon Farley, ces entreprises ne sont pas de simples rivaux, mais des forces perturbatrices qui transforment profondément le marché automobile mondial. L'expérience de ses multiples visites en Chine en 2024 a renforcé sa conviction, lui permettant d'observer de près l'efficacité et l'agilité des marques locales, notamment leur maîtrise complète de la chaîne de production. Cette situation force les entreprises comme Ford à une introspection stratégique.
L'analyse approfondie des véhicules chinois, comme le démontage d'un modèle BYD par les équipes de Ford, a révélé des niveaux de qualité surprenants associés à des coûts de fabrication significativement inférieurs. Cette efficience est en grande partie attribuée à l'utilisation généralisée de batteries LFP (Lithium Fer Phosphate), moins onéreuses et plus simples à produire que d'autres technologies, ainsi qu'à l'intégration verticale de la production, permettant aux constructeurs chinois de ne pas dépendre de fournisseurs externes pour des composants clés. Cette approche leur confère un avantage compétitif considérable en termes de coûts et de rapidité de mise sur le marché. L'inquiétude de Ford n'est donc pas seulement liée à la concurrence sur les prix, mais aussi à une différence fondamentale dans les modèles d'affaires et les capacités de production, nécessitant une révision radicale des stratégies industrielles des constructeurs occidentaux.
Conscient de l'urgence, Ford s'engage dans une transformation profonde de ses méthodes de production. Jim Farley a clairement indiqué la nécessité de concevoir des usines plus compactes, d'optimiser l'utilisation de la main-d'œuvre et de simplifier les processus de fabrication. L'objectif est d'accélérer le cycle de développement des produits, de réduire les dépenses tout en maintenant un standard de qualité élevé, afin de rivaliser efficacement avec l'agilité et l'efficience des constructeurs chinois. Cette réorientation stratégique est perçue comme la seule voie possible pour que Ford puisse non seulement survivre, mais aussi prospérer dans ce nouvel environnement concurrentiel. L'entreprise est déterminée à ne pas se contenter d'un rôle d'observateur passif face à cette évolution inéluctable du marché.
Dans cette optique de riposte, Ford prévoit de dévoiler une nouvelle plateforme dédiée aux véhicules électriques dès le 11 août, un projet capital visant à produire des modèles plus petits, plus accessibles et mieux adaptés aux exigences du marché mondial. Jim Farley a qualifié ce moment de « moment Modèle T », une allusion à la révolution que la Ford T avait initiée au début du 20e siècle, symbolisant une nouvelle ère d'accessibilité automobile. L'ambition est manifeste : combler le fossé technologique et commercial avec la Chine, où des entreprises comme BYD, Geely, mais aussi des nouveaux venus comme Huawei et Xiaomi, se distinguent par leur rapidité, l'efficacité de leurs véhicules, leur modernité et leurs tarifs très compétitifs. Ces acteurs chinois ne cessent de gagner des parts de marché, notamment en Europe, forçant les constructeurs historiques à une adaptation rapide et audacieuse pour conserver leur position dans l'industrie automobile.