Voitures
La Fin des Zones à Faibles Émissions en Débat
2025-05-30

Le mercredi 28 mai, les députés français ont décidé de supprimer les zones à faibles émissions (ZFE), une initiative lancée pour interdire l’accès aux véhicules polluants dans les centres urbains. Cette décision touche plusieurs grandes villes comme Rouen, Caen et Le Havre. Initialement conçues en 2019 pour réduire les particules fines responsables de graves maladies respiratoires, ces zones étaient un pilier de la loi Climat et Résilience sous le mandat d’Emmanuel Macron. Malgré leur impact positif sur la qualité de l'air, notamment à Rouen où elle s'est améliorée de près de 50 % entre 2019 et 2024, les ZFE ont suscité de vives controverses politiques.

Débutées en 2019, les ZFE visaient à limiter les émissions polluantes dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants, conformément aux exigences européennes. À Rouen, cette mesure a été mise en place dès 2022 pour les particuliers, après une première phase concernant les poids lourds et utilitaires dès juillet 2021. Grâce à un système de vignettes Crit'Air, chaque véhicule est classé selon son niveau de pollution. Les plus polluants, identifiés par les vignettes Crit'Air 3 ou plus, sont exclus des périmètres définis. Ce dispositif a contribué à une baisse significative du dioxyde d’azote dans l’agglomération rouennaise.

Cependant, la suppression des ZFE fait partie d’un amendement soutenu par divers groupes politiques, dont Les Républicains et le Rassemblement National, avec l’appui des Insoumis et certains députés macronistes. Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, a critiqué cette décision, soulignant que la loi manque de mesures concrètes pour encourager les alternatives à la voiture individuelle. En effet, il estime que sans investissements dans les transports publics ou le covoiturage, cette législation risque d’être perçue comme injuste et discriminatoire envers les détenteurs de véhicules anciens.

Les partisans de la suppression argumentent qu’il faut alléger les contraintes sociales pesant sur les personnes possédant des voitures vieillissantes. Toutefois, des aides financières importantes ont été mises en place par la Métropole Rouen Normandie pour faciliter le renouvellement des véhicules. Jusqu’à présent, environ 3 400 véhicules ont bénéficié de subventions moyennes de 3 300€ chacun, totalisant un investissement de 10 millions d’euros. Malgré cela, la question reste ouverte : la décision finale pourrait encore être remise en cause lors du vote global sur le projet de loi, ou même invalidée par le Conseil constitutionnel.

L’avenir des ZFE demeure incertain, alors que les discussions se poursuivent au sein de l’Assemblée nationale. Si la suppression devait être confirmée, elle poserait inévitablement la question de la recherche d’équilibres entre progrès écologique et justice sociale. Dans tous les cas, cet épisode illustre la complexité des politiques environnementales modernes, où des compromis doivent être trouvés entre santé publique, développement durable et réalités économiques locales.

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