Le march\u00e9 des carburants en France conna\u00eet une transformation significative, le prix du diesel se rapprochant de mani\u00e8re inattendue de celui de l'essence. Cette \u00e9volution, qui rappelle la p\u00e9riode agit\u00e9e de 2018, est le fruit d'une conjonction de facteurs \u00e9conomiques et g\u00e9opolitiques. Alors que la France s'appuie fortement sur le diesel pour son parc automobile existant, l'offre r\u00e9duite et l'augmentation des co\u00fbts d'importation p\u00e8sent lourdement sur les tarifs. Cette dynamique pose des d\u00e9fis pour les consommateurs et soul\u00e8ve des questions sur l'avenir de la consommation de carburant dans le pays.
\nDepuis l'\u00e9t\u00e9, le prix du gazole en France s'est rapproch\u00e9 de celui du SP95-E10, avec un \u00e9cart r\u00e9duit \u00e0 seulement 3 centimes d'euro par litre d\u00e9but ao\u00fbt, une diff\u00e9rence notable par rapport aux 15 centimes enregistr\u00e9s l'ann\u00e9e pr\u00e9c\u00e9dente. Cette tendance marque un changement majeur depuis la crise sociale de 2018, o\u00f9 une situation similaire avait d\u00e9clench\u00e9 d'importantes manifestations.
\nLa France d\u00e9pend massivement des importations pour la moiti\u00e9 de sa consommation de diesel. Avant le conflit en Ukraine et l'instauration des sanctions europ\u00e9ennes, la Russie \u00e9tait un fournisseur cl\u00e9, contribuant \u00e0 27% des besoins fran\u00e7ais. Cependant, la r\u00e9orientation des approvisionnements vers des r\u00e9gions plus \u00e9loign\u00e9es comme le Moyen-Orient, les \u00c9tats-Unis, l'Inde et la Turquie a entra\u00een\u00e9 une hausse significative des co\u00fbts logistiques et une pression accrue sur un march\u00e9 mondial d\u00e9j\u00e0 tendu.
\nLes stocks de gazole en Europe, notamment dans la r\u00e9gion ARA (Amsterdam, Rotterdam et Anvers), ont atteint leur niveau le plus bas depuis 18 mois, chutant de 8% en juillet. Cette diminution est le reflet d'une tension g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e sur le march\u00e9 mondial, o\u00f9 les r\u00e9serves combin\u00e9es de diesel aux \u00c9tats-Unis, en Europe et \u00e0 Singapour sont inf\u00e9rieures de 20% \u00e0 leur moyenne d\u00e9cennale, comme le souligne l'agence Reuters.
\nMalgr\u00e9 une forte baisse des immatriculations de v\u00e9hicules diesel neufs (-41% en un an), le diesel reste le carburant majoritaire en France, repr\u00e9sentant plus de la moiti\u00e9 du parc automobile national (50,7% en 2024). Cette situation paradoxale maintient une demande \u00e9lev\u00e9e pour le gazole. De plus, l'\u00e9cart fiscal entre le diesel et l'essence s'est consid\u00e9rablement r\u00e9duit. La TICPE (taxe int\u00e9rieure sur la consommation de produits \u00e9nerg\u00e9tiques) pour le gazole est d\u00e9sormais de 0,60 \u20ac/l, contre 0,68 \u20ac/l pour l'essence, soit une diff\u00e9rence de seulement 8 centimes, bien loin des 20 centimes de 2014. Cette r\u00e9duction de l'avantage fiscal et les facteurs \u00e9conomiques mondiaux sugg\u00e8rent une probable convergence durable des prix du diesel et de l'essence, une tendance confirm\u00e9e par le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyann\u00e9, qui pr\u00e9voit que le prix du diesel restera \u00e9lev\u00e9.
\nLa convergence des prix du diesel et de l'essence en France, d\u00e9j\u00e0 per\u00e7ue avec inqui\u00e9tude en 2018, met en \u00e9vidence la fragilit\u00e9 du march\u00e9 \u00e9nerg\u00e9tique. En tant que consommateurs, cette r\u00e9alit\u00e9 nous pousse \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 nos choix de mobilit\u00e9. Il est imp\u00e9ratif d'envisager des alternatives plus durables et moins d\u00e9pendantes des fluctuations mondiales, comme les v\u00e9hicules \u00e9lectriques ou hybrides, pour s'adapter \u00e0 ces nouvelles r\u00e9alit\u00e9s \u00e9conomiques et environnementales. Cette situation souligne \u00e9galement l'urgence pour les pouvoirs publics de diversifier les sources d'approvisionnement et d'investir dans les infrastructures de raffinage nationales pour r\u00e9duire notre vuln\u00e9rabilit\u00e9 aux chocs externes.