Tesla, sous l'impulsion d'Elon Musk, opère un changement de cap significatif en abandonnant le développement de son supercalculateur Dojo. Ce projet, initialement présenté comme un pilier technologique pour l'intelligence artificielle et la conduite autonome, est mis de côté au profit d'une approche plus intégrée, centrée sur les puces AI5 et AI6. Cette réorientation stratégique vise à unifier les ressources de développement et à optimiser l'efficacité de l'infrastructure d'IA de l'entreprise. En externalisant certains besoins en puissance de calcul et en consolidant ses efforts sur une architecture de puce unique, Tesla cherche à accélérer l'innovation tout en simplifiant ses processus.

Cette décision est également motivée par la volonté de rationaliser les investissements et de maximiser le potentiel des puces existantes. Les puces AI5 et AI6, conçues pour les véhicules, les robots et les systèmes de conduite autonome, sont désormais considérées comme suffisamment performantes pour gérer à la fois l'inférence en temps réel et l'entraînement des modèles d'IA. Cette flexibilité permet à Tesla de réduire la complexité de son infrastructure et de se concentrer sur l'amélioration continue de ses technologies clés, marquant ainsi une évolution notable dans sa stratégie en matière d'intelligence artificielle.

Le Virage Stratégique de Tesla en Matière d'IA

Le supercalculateur Dojo, annoncé en 2021, était destiné à traiter les vastes quantités de données vidéo collectées par la flotte de véhicules Tesla afin d'entraîner ses modèles d'intelligence artificielle pour la conduite autonome. Cependant, des informations récentes de Bloomberg, citant des sources internes, révèlent que le projet a été annulé par Elon Musk. Ce dernier a justifié cette décision sur X, expliquant qu'il était illogique pour Tesla de diviser ses ressources entre le développement de deux architectures de puces d'IA distinctes : les puces Dojo pour les centres de données et les puces AI5 et AI6 pour les véhicules. Les AI5, également connues sous le nom de Hardware 5.0, sont prévues pour équiper les véhicules, les robots et les systèmes de conduite autonome de Tesla à partir de 2024. Selon Musk, ces puces offrent un double avantage en étant capables de gérer l'inférence en temps réel dans les véhicules tout en étant adaptées à l'entraînement des modèles, ce qui permettrait à Tesla d'atteindre des performances de supercalculateur en combinant plusieurs AI5 ou AI6 sur une même carte, tout en réduisant les coûts et en simplifiant l'infrastructure réseau.

Ce changement de cap stratégique implique également une externalisation accrue des besoins matériels pour l'entraînement des modèles de Tesla. Des entreprises comme AMD et Nvidia sont désormais pressenties pour fournir la puissance de calcul nécessaire, tandis que Samsung pourrait être en charge de la production des puces AI6. Intel Foundry est également mentionné comme un potentiel partenaire pour l'assemblage. L'abandon de Dojo représente la fin d'un projet qui était perçu comme une vitrine du savoir-faire interne de Tesla en matière de semi-conducteurs. Avant cette décision, Elon Musk avait pourtant souligné l'importance de Dojo pour l'avenir du groupe, notamment en vue de la présentation du premier robotaxi de la marque. Cette transition vers une approche hybride, combinant la conception interne de puces embarquées avec l'utilisation d'infrastructures externes pour le calcul intensif, est présentée par Musk comme une question de cohérence et d'efficacité, visant à maximiser les investissements et à accélérer le développement de l'IA chez Tesla en se concentrant sur une architecture unique capable de répondre à divers besoins.

L'Impact de l'Abandon de Dojo sur l'Innovation de Tesla

La décision de Tesla de mettre fin au projet Dojo et de se concentrer sur une architecture de puce d'IA unifiée (AI5 et AI6) aura des répercussions profondes sur la stratégie d'innovation de l'entreprise. En choisissant de rationaliser ses efforts de développement et d'intégrer davantage ses capacités de calcul, Tesla vise une plus grande efficacité et une accélération de ses progrès en matière d'intelligence artificielle et de conduite autonome. Plutôt que de disperser ses ressources entre deux architectures distinctes, l'entreprise peut désormais allouer plus spécifiquement ses talents et ses fonds à l'amélioration continue des puces AI5 et AI6, qui sont censées être polyvalentes, gérant à la fois les tâches d'inférence en temps réel dans les véhicules et l'entraînement complexe des modèles d'IA. Cette consolidation pourrait potentiellement réduire les délais de développement et permettre à Tesla de déployer plus rapidement de nouvelles fonctionnalités et améliorations logicielles.

De plus, l'externalisation des besoins en puissance de calcul à des géants du secteur comme AMD, Nvidia et Samsung Manufacturing marque une évolution dans la philosophie de Tesla en matière de production matérielle. Cela pourrait permettre à l'entreprise de bénéficier de l'expertise et des infrastructures existantes de ces fournisseurs, réduisant ainsi les risques et les coûts associés au développement et à la maintenance de son propre supercalculateur. Bien que Dojo ait représenté un symbole du savoir-faire interne de Tesla et de son ambition en matière de semi-conducteurs, son abandon souligne la flexibilité et la pragmatisme de l'entreprise face aux défis techniques et stratégiques. Ce repositionnement met en lumière la volonté d'Elon Musk de privilégier une approche plus agile et intégrée, où la synergie entre le matériel embarqué et les capacités de calcul externe est optimisée pour atteindre l'objectif ultime de la conduite entièrement autonome et l'expansion de l'écosystème robotique de Tesla.