Au cœur des années 80, une collaboration entre un ingénieur automobile italien et un légendaire compositeur de musique électronique a donné naissance à l'une des supercars les plus emblématiques de cette décennie. Claudio Zampolli, ancien ingénieur chez Lamborghini, et Giorgio Moroder, maître du disco, ont uni leurs forces pour créer la Cizeta-Moroder V16T. Cette voiture, dotée d’un moteur transversal 16 cylindres unique, a marqué l’histoire par son audace technologique et sa conception futuriste. Malgré des débuts prometteurs lors de son lancement au Salon de Los Angeles en 1988, le projet a été freiné par des différends internes et des défis économiques.
Dans une époque où l'innovation automobile se mêlait à la créativité artistique, Modène, berceau de nombreuses marques automobiles prestigieuses, a vu éclore une vision audacieuse. En 1973, Claudio Zampolli, un jeune ingénieur talentueux, partit aux États-Unis pour développer le réseau de concessionnaires de Lamborghini. Là-bas, il tissa des liens étroits avec des stars hollywoodiennes et des figures influentes du monde du divertissement. Parmi elles se trouvait Giorgio Moroder, qui devint rapidement un client fidèle. Ensemble, ils imaginèrent une supercar exclusive capable de transcender les standards de l'époque.
Fort de son expérience acquise chez Lamborghini, Zampolli réunit une équipe de pointe pour concevoir ce projet fou. Le moteur, une véritable prouesse technique, consistait en deux blocs V8 assemblés pour former un V16 transversal d’une cylindrée de 6 litres. Ce monstre mécanique produisait près de 540 chevaux, permettant à la voiture d'atteindre une vitesse maximale de 328 km/h tout en réalisant le 0 à 100 km/h en seulement 4 secondes. Marcello Gandini, designer légendaire de la Countach, contribua également à façonner une carrosserie aussi radicale que fonctionnelle.
Malheureusement, les ambitions initiales furent entravées par des désaccords sur les matériaux utilisés pour la fabrication de la carrosserie ainsi que par des difficultés économiques des années 1990. Seuls huit exemplaires furent produits entre 1991 et 1995 avant que le projet ne soit abandonné.
En 2003, une dernière variante cabriolet fut construite pour un collectionneur japonais sous le nom de Fenice TTJ Spyder. Bien que le projet semble aujourd’hui figé dans le temps, la Cizeta V16T reste une source d'inspiration majeure pour les amateurs de voitures anciennes et de culture synthwave.
De la part d’un journaliste passionné par l’automobile, cette histoire est une leçon précieuse sur l’importance de l’alignement des visions entre partenaires dans les projets ambitieux. Si Claudio Zampolli et Giorgio Moroder avaient pu surmonter leurs différends, peut-être aurions-nous assisté à une révolution dans l’univers des supercars. Mais même dans sa forme limitée, la Cizeta V16T symbolise l’esprit créatif et audacieux des années 80, capturant parfaitement l’imaginaire d’une époque où tout semblait possible. Aujourd'hui, elle est non seulement une pièce rare pour les collectionneurs mais aussi une œuvre d’art mobile qui continue d’inspirer toute une génération de passionnés.