Dans le tumulte de l'affaire des airbags Takata, le groupe Leal, représentant les marques BMW et Mini à La Réunion, a récemment exercé son droit de réponse. Mis en examen suite à un grave accident impliquant un airbag défectueux, le distributeur insiste sur les obstacles administratifs qui ont entravé sa capacité à informer efficacement les propriétaires des véhicules potentiellement dangereux. Ce dossier complexe soulève des questions fondamentales sur les responsabilités des différents acteurs et la fluidité des communications en cas de rappels massifs de sécurité.
Le litige trouve son origine dans un incident impliquant une BMW Série 3 E46. Le propriétaire, gravement blessé, a intenté une action en justice. Les reproches formulés à l'encontre du concessionnaire local concernent un prétendu manquement à son obligation d'agir rapidement pour assurer la sécurité. Cependant, la direction du groupe Leal souligne que le véhicule en question, acquis neuf en 2001, a été revendu à plusieurs reprises avant que le groupe ne reprenne la distribution BMW et Mini en octobre 2013. Dès lors, sans accès aux bases de données clients précédentes et confronté à un refus d'accès au Système d'Immatriculation des Véhicules (SIV) par les autorités, il leur était impossible d'identifier les propriétaires successifs.
Philippe-Alexandre Rebboah, directeur général du groupe Leal Réunion, exprime son interrogation : « Comment alerter un propriétaire dont on ignore l'existence? ». Selon lui, l'accès au SIV est l'unique moyen de retracer avec précision les détenteurs de véhicules à risque. Cette difficulté, loin d'être isolée, illustre une problématique nationale persistante concernant le rappel des airbags Takata. Malgré d'importantes campagnes de sensibilisation à La Réunion, y compris des publicités télévisuelles, radio et des initiatives sur les réseaux sociaux, le taux de véhicules traités reste insuffisant, avec environ 20 000 unités équipées d'airbags Takata encore en circulation sur l'île.
L'issue de cette instruction judiciaire pourrait redéfinir la répartition des responsabilités. Si le groupe Leal parvient à démontrer avoir déployé tous les efforts raisonnables pour alerter les automobilistes et que son action a été entravée par les autorités étatiques, l'orientation de l'affaire pourrait changer significativement. Ce scandale met en évidence les lacunes structurelles du système de rappel de véhicules en France, particulièrement pour les automobiles anciennes ayant changé de mains à de multiples reprises. Il est impératif que les propriétaires de véhicules concernés par le rappel Takata prennent des mesures immédiates, car ce défaut de sécurité a déjà entraîné des conséquences dramatiques à l'échelle mondiale.