L'introduction du contrôle technique obligatoire pour les motos et autres véhicules motorisés à deux ou trois roues en France a suscité de vifs débats. Au cœur de cette controverse se trouve la question fondamentale de sa véritable utilité. S'agit-il d'une mesure essentielle pour la sécurité routière ou, comme le craignent de nombreux motards, d'une nouvelle forme de taxation déguisée? Une enquête récente a mis en lumière les aspects pratiques et financiers de ce contrôle, offrant un aperçu des procédures et de leur impact sur les propriétaires de deux-roues. Les observations révèlent une divergence entre les attentes et la réalité, soulevant des interrogations sur l'efficacité et la justification économique de cette obligation.
Le 21 août 2025, un regard critique a été porté sur l'application du contrôle technique pour les motos, tricylces et quadricyles motorisés en France. Cette mesure, longuement débattue et finalement imposée par une décision du Conseil d'État en octobre 2022, vise à harmoniser la législation française avec les directives européennes. Le déploiement de ce contrôle s'effectue par phases, ciblant d'abord les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 2017, pour lesquels le premier contrôle devait avoir lieu entre avril et décembre 2024. Les véhicules plus récents suivront progressivement jusqu'en 2026, avec un contrôle quinquennal pour les plus neufs. Cette démarche se distingue de celle des voitures par une validité de trois ans, contre deux pour les automobiles.
Une expérience menée avec une Triumph Tiger Explorer XC de 1200 cm³ de 2015 a permis de décortiquer le processus. Lors de cette visite mystère dans un centre de contrôle technique réputé, l'accueil fut chaleureux, le contrôleur, lui-même motard, soulignant la passion partagée et la nature généralement bien entretenue des deux-roues. L'inspection s'est révélée rapide, n'excédant pas dix minutes, avec une vérification visuelle des freins, des émissions sonores et polluantes, de la direction, de l'éclairage, des rétroviseurs, ainsi que des roues, pneus et suspensions. Étonnamment, malgré la problématique du bruit, aucun sonomètre n'était utilisé, la vérification des émissions polluantes se faisant via un analyseur de gaz. Le coût de cette opération s'est élevé à 50 euros, un tarif jugé élevé pour une prestation aussi succincte, surtout en comparaison avec le contrôle des voitures, plus coûteux mais aussi plus long. La moto testée a passé l'examen sans encombre, confirmant la tendance générale d'un bon entretien des motos par leurs propriétaires, comme en témoigne le faible taux de contre-visite observé dans le secteur.
Cette initiative, bien que présentée comme une avancée pour la sécurité routière, semble davantage se profiler comme une charge financière supplémentaire pour les motards. La rapidité et la nature majoritairement visuelle du contrôle, couplées à l'absence d'outils techniques sophistiqués pour certaines vérifications clés, interrogent sur sa réelle valeur ajoutée. Si un intérêt peut être trouvé pour les petites cylindrées souvent moins bien entretenues, la majorité des motos bénéficient déjà d'une attention rigoureuse de la part de leurs propriétaires. En somme, ce contrôle technique, malgré les discussions animées qu'il a générées, apparaît pour beaucoup comme une formalité coûteuse, dont l'efficacité en matière de sécurité reste à démontrer pleinement, et qui soulève la question de sa justification économique.