Dans le paysage automobile actuel, marqué par une concurrence féroce et des défis économiques persistants, le constructeur Polestar se trouve à un carrefour décisif. Confronté à un marché chinois surchargé de plus de 150 marques locales, la firme suédo-chinoise, bien que partie intégrante du groupe Geely aux côtés de géants comme Volvo et Lotus, a dû faire face à une réalité implacable : l'incapacité à générer des ventes significatives dans l'Empire du Milieu. Cette situation critique a conduit la direction à prendre une décision radicale et stratégique : le retrait progressif de Polestar du marché chinois, un mouvement qui souligne les pressions intenses et les enjeux financiers auxquels sont confrontés les acteurs de l'industrie automobile dans cette région.
À l'aube de la fin de l'année 2025, le constructeur automobile Polestar, dont les racines suédoises sont profondément ancrées à Göteborg, se prépare à une étape majeure : son retrait total du marché chinois. Cette décision, rapportée initialement par Car News China, survient dans un contexte de ventes catastrophiques. En effet, au cours du premier semestre 2025, Polestar n'a écoulé que 69 véhicules en Chine, avec des mois d'avril et mai où aucune voiture n'a trouvé preneur. Cette performance contraste fortement avec les 30 300 livraisons enregistrées globalement durant la même période, marquant une croissance de plus de 50 % à l'échelle mondiale.
Les signes avant-coureurs de cette transition étaient déjà visibles. La coentreprise Polestar Times Technolog Co., Ltd., fruit de la collaboration avec Star Meizu, a cessé ses activités en avril. De plus, le système de vente en ligne de Polestar en Chine a été désactivé, obligeant désormais les clients à prendre contact par téléphone pour planifier un essai. Un seul point de vente physique subsiste actuellement à Shanghai, témoignant de la contraction drastique des opérations de la marque. Sur le plan interne, des changements majeurs ont eu lieu avec le départ du directeur général Wu Huijing, remplacé par Hu Shiwen en tant que représentant légal de la filiale chinoise.
Les difficultés financières de Polestar sont alarmantes. Fin 2024, l'entreprise affichait un bilan négatif avec un actif net de plus de 3,3 milliards de dollars, et un endettement total de 7,3 milliards de dollars contre seulement 4 milliards d'actifs. Depuis 2020, les pertes cumulées dépassent les 5,1 milliards de dollars, dont 2 milliards pour la seule année 2024. Face à cette situation périlleuse, Li Shufu, le milliardaire chinois à la tête du groupe Geely et actionnaire majoritaire, a injecté 200 millions de dollars en urgence, augmentant sa participation à 66 %, tandis que celle de Volvo s'est légèrement réduite à 16 %. Malgré cette intervention salvatrice, l'atteinte de la rentabilité dès 2025 reste un objectif ambitieux, remettant en question la capacité de Polestar à se stabiliser dans un marché mondial de véhicules électriques intensément compétitif.
L'expérience de Polestar en Chine est une illustration frappante des défis inhérents à l'expansion internationale, particulièrement dans un marché aussi dynamique et compétitif que celui de l'automobile chinoise. Elle nous rappelle que le succès global ne garantit pas une réussite locale, et que l'adaptation aux spécificités culturelles, économiques et concurrentielles est primordiale. Pour les acteurs du secteur, c'est une piqûre de rappel sur l'importance d'une analyse de marché approfondie et d'une flexibilité stratégique. L'échec de Polestar, malgré le soutien d'un groupe puissant comme Geely, souligne que même les marques bien établies peuvent trébucher si elles ne parviennent pas à naviguer efficacement dans les eaux tumultueuses de la concurrence locale et à répondre aux attentes uniques des consommateurs. Cela interpelle également sur la surabondance de marques dans certains secteurs et la nécessité d'une proposition de valeur claire et différenciée pour survivre.