Pour la première fois sur le territoire français, une procédure judiciaire est engagée contre un concessionnaire automobile, situé à La Réunion, pour des blessures involontaires liées à un coussin gonflable Takata. Cet événement tragique, survenu en mai 2020, a gravement blessé un conducteur suite à l'explosion de son airbag. L'accusation repose sur le manquement du distributeur à son devoir d'information, malgré l'existence d'une campagne de rappel lancée par le fabricant fin 2019. L'automobiliste, blessé au visage par des projectiles, a mis en lumière une problématique de sécurité qui, bien que connue, n'avait jamais abouti à une telle mise en examen en France. En effet, malgré les nombreux rappels et les décès attribués aux airbags Takata, cette situation inédite souligne la gravité des obligations de sécurité incombant aux professionnels de l'automobile.
La défense du concessionnaire se heurte à des difficultés, bien que des arguments aient été avancés pour justifier le délai d'action. Le représentant a affirmé que l'ampleur du danger des airbags Takata n'était pas pleinement perçue fin 2019. De plus, il a cité des contraintes liées à la pandémie de Covid-19, ainsi qu'une difficulté à accéder aux listes de clients du fait d'une reprise d'activité en 2013, ce qui l'aurait empêché de contacter directement les propriétaires des véhicules concernés. Cependant, une expertise judiciaire a révélé que les démarches pour avertir les clients n'auraient débuté qu'en juillet 2020, soit après l'accident, remettant en question la diligence du distributeur. Cette inertie présumée aurait potentiellement privé la victime d'éviter le drame. Le concessionnaire a néanmoins insisté sur ses efforts pour joindre un vaste nombre de clients, malgré des ressources limitées et l'impossibilité d'obtenir certaines données officielles.
Cette affaire, au-delà de son caractère local, met en lumière les répercussions persistantes du scandale Takata, qui a initié des rappels massifs de véhicules à l'échelle mondiale. Des millions de voitures, dont 1,7 million en France, sont équipées de ces airbags défectueux et sont désormais soumises à une interdiction de circuler tant que les dispositifs dangereux n'ont pas été remplacés. Ce cas judiciaire rappelle l'importance cruciale de la sécurité des consommateurs et de la responsabilité des acteurs de l'industrie automobile. Il invite à une réflexion plus profonde sur les processus de rappel et la communication des risques, dans le but d'assurer une protection optimale pour tous les usagers de la route. L'issue de ce procès pourrait avoir des conséquences significatives sur la manière dont les distributeurs gèrent les campagnes de sécurité à l'avenir, renforçant ainsi la confiance du public dans l'industrie automobile.