Depuis de nombreuses années, la régulation de la vitesse sur les routes est une préoccupation majeure à l'échelle mondiale. Cependant, une proposition novatrice émerge de Suisse, suggérant que les radars pourraient bientôt cibler un nouveau type d'infraction : la lenteur excessive. Cette idée, portée par un député fédéral, ouvre le débat sur la définition des comportements dangereux au volant, au-delà de la seule vitesse.
Walter Gartmann, un parlementaire suisse, a récemment avancé une proposition visant à utiliser les radars automatiques pour détecter et verbaliser les véhicules circulant à une vitesse anormalement réduite. L'argument central de cette initiative est que la conduite excessivement lente peut, au même titre que la vitesse, engendrer des situations périlleuses, notamment des embouteillages et des réactions d'agressivité de la part des autres usagers. Le député ne vise pas les conducteurs roulant légèrement en dessous de la limite, mais plutôt ceux adoptant une « circulation escargot », comme un automobiliste à 50 km/h sur une section limitée à 90 km/h. De telles disparités de vitesse peuvent effectivement perturber le flux de circulation et accroître les risques d'accidents.
La lenteur au volant est déjà considérée comme une infraction dans la législation routière suisse, tout comme en France. L'article R413-19 du Code de la route français stipule qu'aucun conducteur ne doit « gêner la marche normale des autres véhicules en circulant sans raison valable à une vitesse anormalement réduite ». Actuellement, en France, cette infraction est sanctionnée par une amende de 35 euros, mais les contrôles ne sont pas automatisés par les radars. La proposition suisse consisterait à équiper ces appareils de la capacité de flasher les conducteurs excessivement lents, de la même manière qu'ils repèrent les excès de vitesse.
Toutefois, cette proposition n'a pas été reçue avec un enthousiasme unanime. En Suisse, tant dans les cercles politiques que parmi le public, son utilité est remise en question. Des rapports d'experts suggèrent que la conduite lente ne représente pas un facteur de risque significatif en matière d'accidents. De plus, certains craignent que la mise en œuvre d'une telle mesure n'incite les conducteurs à rouler plus vite, voire à dépasser les limitations, afin d'éviter d'être verbalisés pour lenteur. Il semble donc peu probable que cette idée se concrétise en Suisse dans un futur proche. En France, aucune discussion similaire n'est actuellement à l'ordre du jour, la législation existante étant jugée suffisante pour traiter les cas de conduite anormalement lente, même si les radars n'interviennent pas dans ces contrôles.
L'émergence de cette proposition met en lumière la complexité de la sécurité routière, qui ne se limite pas à la seule problématique de la vitesse. Elle invite à une réflexion plus large sur tous les facteurs qui peuvent perturber la fluidité et la sécurité du trafic, y compris les comportements de conduite excessivement prudents ou ralentis sans justification valable.